Ngah Tsimi Léontine Héloïse, ex-agent décisionnaire du service de la reprographie de l’Obc:<strong>« Je ne suis pas coupable de fraude, l’Obc m’a jeté en pâture »</strong>

Ngah Tsimi Léontine Héloïse, ex-agent décisionnaire du service de la reprographie de l’Obc:« Je ne suis pas coupable de fraude, l’Obc m’a jeté en pâture »

Entretien exclusif avec Destin André Mballa

Vous clamez toujours votre innocence dans l’affaire de fuite des épreuves du baccalauréat 2020 où vous avez été mise en cause et licenciée de l’Office du Baccalauréat du Cameroun qui de son côté vous accuse vous et vos collègues de négligence et complicité de négligence qu’en est-t-il exactement ?

Avant le 17 août 2020 lorsque nous avons été suspendu par le ministre des Enseignements secondaires, il y avait eu l’enquête de l’Antic, il y a eu celle de la police judiciaire, il y a eu des perquisitions dans les domiciles après ça nous avons été convoqués au ministère des Enseignements secondaires pour que nous soyons entendus en présence de la Conac, ça se passait dans le cabinet du secrétaire général du cabinet du ministère des Enseignements secondaires où on nous a annoncé la suspension que tout le monde a suivie. Nous avons été suspendus trois mois et il était question que le directeur de l’Office du baccalauréat du Cameroun en ce qui concerne le personnel agent, prenne des dispositions pour ce qui est inscrit dans les statuts. Ce que le directeur n’a pas fait, il n’a pas suspendu le personnel relevant du code du travail, il n’a pas suspendu non plus le solde. Et de trois mois, la suspension a duré 5 mois. Après 5 mois, le directeur de l’office du baccalauréat du Cameroun va chercher l’autorisation du conseil de direction pour me licencier. Je suis donc licencié le 25 janvier 2021, sans indemnisation, parce que c’était une faute lourde. Parce que vous savez que la fraude selon les statuts est une faute lourde.

Mais il y avait un problème avec ce licenciement parce que le licenciement survient mais il n’y a pas de preuve de culpabilité, ni même de participation à cette fraude. Le conseil de discipline n’a pas pu déterminer, trouver le coupable et décide de nous licencier sachant très bien que bien qu’il y ait la possibilité que le conseil direction puisse dire autre chose, tout était déjà planifié de manière à ce que je sois licencié avec trois collègues. Après le licenciement j’ai contacté le ministre du travail, j’ai contacté le secrétariat général de la présidence, j’ai contacté le premier ministre, je suis allé à l’inspection du travail, ça traîné, les l’office du baccalauréat ne répondait pas au convocations, ne se présentait pas, ça traînait et finalement ma famille a pris un avocat et ce n’est qu’après l’intervention de l’avocat que l’office du baccalauréat a daigné se présenter à la délégation régional du travail devant l’inspecteur du travail, et pour qu’à la fin que ce soit plutôt un procès verbal de non conciliation  parce que l’Obc a préféré allé au tribunal que d’accepter ma réintégration. Quand on arrive au tribunal, le tribunal  déclare le licenciement abusif, on fait le calcul des indemnités. Toutefois le tribunal déclare injustifié la réclamation des mois de salaires alors que les mois de salaires étaient réclamés dans le cas où la réintégration  était validée. Il n’y a pas eu réintégration. Ils disent que la réclamation des mois n’était pas justifiée alors que le procès verbal de non conciliation est clair. Donc je ne réclamerais pas une indemnité si j’étais réintégré. Le tribunal a juste demandé qu’on me paye les dommages liés au licenciement abusif. Que le l’office du baccalauréat devait payer.

Au service de la reprographie le travail se passe comment ? Qui a accès aux épreuves, qui en assure la sécurité ?

Lorsque j’étais au service de la reprographie, la sécurité des épreuves ne relevait pas du personnel agent. La sécurité des épreuves et de l’écho, étaient sous la stricte responsabilité du chef de service. Et maintenant en ce qui concerne les épreuves, cette sécurité là relevait non seulement du chef service de la reprographie, que je n’étais pas, et des cadres. Parce qu’être agent à l’Office du baccalauréat du Cameroun, on ne peut pas vous confier une telle responsabilité. Un agent ce n’est- rien dans un service à l’Office du baccalauréat du Cameroun à l’époque où j’y étais, c’était de la responsabilité des chefs de service et cadres. Voilà les personnalités, les parties prenantes de cette structure là. S’agissant des épreuves c’étaient également le chef de service et les cadres qui ouvraient les épreuves et qui les referment. En ce qui concerne les maquettes c’est-à-dire les originaux donc c’est eux qui les ouvraient, qui les traitaient et nous à notre niveau, moi particulièrement ce que j’avais à faire quand l’enveloppe arrivait sur ma table c’est de sceller avec le scotch, le estampillé Obc. Voilà comment ça se passe, et maintenant l’enveloppe est classée et quand les travaux sont finis on empaquète et ça prend les directions que ça doit prendre. Maintenant, les épreuves qui ont été diffusées sur le net, malheureusement ce ne sont pas les copies reproduites que quelqu’un aurait pu soutirer d’une enveloppe, mais ce sont des originaux, c’est-à-dire des maquettes qui ont été filmées et diffusées sur le net.

Pensez vous que la fuite venait réellement de votre service, à quelles fins ? Qui a intérêt à faire fuiter les épreuves ?

En ce qui me concerne personnellement, je pense que c’était véritablement un sabotage et ça avait certainement une cible que moi j’ignore parce que je ne suis pas en mesure de vous dire que la cible c’était le directeur, c’était le service en lui-même. Parce que quand on entre dans les secrets de tous ces services là, vous allez vous rendre compte qu’il y avait des bagarres, mais je ne suis pas en mesure de vous donner les détails parce que je n’étais pas cadre, donc ces bagarres là ils les vivaient entre eux. C’est auprès de ces cadres là que vous pouvez avoir les tenants et les aboutissants des histoires X ou Y parce que moi je n’étais jamais au courant de rien et même si j’avais une information, c’était toujours de manière floue où on ne dit jamais rien de manière claire. Tout ce que vous avez à faire, c’est de faire votre travail.

Vous avez saisi en vain quasiment toute la République, le Chef de l’État, Paul Biya, la première dame, le secrétaire général de la présidence de la République, le premier ministre et le secrétariat des services du premier ministre, la justice, votre tutelle, le ministère des enseignements secondaires, le ministère du travail et ses démembrements, les droits de l’homme, les dix gouverneurs des régions, rien n’a été fait pour rentrer en possession de vos droits, qu’allez vous faire à présent ?

Il faut savoir que le Minesec et l’Obc sont les mises en cause ici. L’Obc est mis en cause n’a pas protégé son personnel, l’Obc m’a donné en pâture d’abord, livré au Minesec, maintenant livré au monde entier. Voilà ce qu’a fait l’Obc. Quand vous voulez livrer quelques, ayez au moins un dossier d’enquête qui dit que voilà Ngah Tsimi est coupable. C’est son téléphone qui a servi à diffuser les images. A ce moment-là vous pouvez faire tout ce que vous voulez on sait très bien ce qu’on est capable de faire. Mais là vous n’avez aucune preuve. Aucune jusqu’à ce jour que Ngah Tsimi a diffusé les épreuves sur le net, mais vous filmez Ngah Tsimi, chaque jour pendant toute cette période, les chaînes de télévisions, les radios internationales, mon visage apparaît sur le net mon nom apparaît. Quand vous faites ça sans preuves où est l’humanité ? Parce qu’il y a des criminels, des gens qui tuent les autres ici, mais qu’on traite avec beaucoup d’humanité, mais pour une histoire de fraude où on n’a pas de coupable, vous traitez les gens de cette manière.

La chambre sociale du tribunal de grande instance du Mfoundi vous a donné gain de cause en déclarant que la décision de l’Obc est un licenciement abusif et en imposant des dommages et intérêt que votre employeur devait vous payer où en êtes?

En ce qui concerne je suis allé au niveau du tribunal de grande instance pour demander l’expédition pour que le dossier puisse aller en appel. Je suis allé deux fois, et à chaque fois c’était qu’il fallait que je rencontre le magistrat où le juge pour qu’il signe cette expédition. Et il faut bien que je vive, il faut bien que je fasse autre chose. Donc je ne vais pas passer mon temps à aller tous les jours, ou bien  chaque semaine au niveau du tribunal de grande instance pour prendre une expédition. L’office du baccalauréat à fait appel, l’office du baccalauréat avec tous ses moyens devait donc faire en sorte que le dossier aille en cour d’appel. Mais comme on m’a dit à la commission des droits de l’homme que l’office du baccalauréat a des droits comme l’Obc a donc des droits comme moi et que eux ils sont nanti, ils devraient donc faire avancer le dossier pour qu’on aille donc en appel puisqu’ils estiment donc que je n’ai pas raison. Il devait donc faire avancer en appel pour qu’il ait gain de cause là-bas. Ils n’ont pas fait ça. J’ai laissé tombé au niveau de la justice et je me suis tourné auprès du premier ministère pour indiquer que puisqu’ils font appel pour que je n’ai pas mes droits, pour que je n’ai pas mon indemnité, alors maintenant les 5 mois de salaires de suspension, puisque l’office n’a jamais pris une décision de suspension, ni même de suspension de solde que le premier ministère puisse au moins m’obtenir ça pendant qu’ils vont faire ce qu’ils ont à faire au niveau du tribunal. Et c’est là où je suis extrêmement déçu que le premier ministre m’ait traité comme si j’étais un fonctionnaire et je leur ai rappelé ça que je ne suis pas un fonctionnaire. S’il a mon dossier qu’il l’envoie directement à l’Office du Baccalauréat du Cameroun, quand même c’est le premier ministère. Ordonné à l’office de me donner mes 5 mois de salaires.

Au regard de toutes les démarches entreprises jusqu’ici, qui semblent ne pas aboutir quelle est la suite ? Avez-vous un message à passer aux Camerounais ?

Ce qui est le plus important pour moi c’est que tous les Camerounais qui ont vécu ça, il y en a qui ont très mal vécu ça, qu’ils sachent que moi Ngah Tsimi Léontine Héloïse je ne suis pas coupable de fraude, j’aimais  tellement mon travail que je ne pouvais même pas même en rêve de filmer une épreuve, subtiliser une épreuve pour donner à un enfant ou la diffuser pour gagner quoi ? Ou que je prenne une épreuve pour aller la vendre, ça c’est une inadmissible et eux même le savent. Eux tous autant qu’ils sont à l’office le savent mon problème ici c’est que tous les camerounais sachent ça. C’est de notoriété publique que je ne vais rien obtenir de toutes ces autorités là. Parce que vous ne pouvez pas contacter les dix gouverneurs du Cameroun pour vous aider, personne ne lève le petit doigt on vous ramène à la justice. Vous ne pouvez pas contacter la commission  des droits de l’homme, la Conac, personne ne fait rien, vous ne pouvez pas demander jusqu’à trois fois les audiences, pour rencontrer le premier ministre vous n’avez pas de réponse. Je comprends que je ne pèse pas le milliard, je ne représente pas une catégorie sociale qu’on peut recevoir, je ne suis pas d’un royaume, donc on ne peut pas me recevoir. J’ai écrit à la présidence, combien de fois, aucune réaction. La Conac, a daigné réagir, c’était pour m’informer qu’ils ont transmis au secrétariat général du premier ministère, la commission des droits de l’homme a réagi pour me renvoyer à la justice qu’elle ne peut pas s’opposer à ça comme si c’était ça que je leur demandais. Je leur demandais tout simplement d’arriver à informer le premier ministre pour qu’il puisse réagir parce que ce n’est pas certain qu’il a les détails de l’affaire. Parce que je sais comment dans les administrations les gens réduisent les informations au niveau de la hiérarchie. Quand on veut couvrir quelque chose on vient biaiser les détails.

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