
Cour Suprême du Cameroun : Paul Biya nomme une femme Procureure générale
Marie Claire Dieudonnée Nseng-Elang est la toute première femme à être à la tête du parquet général de la plus haute juridiction du pays. Elle a été nommée par décret du président de la République, Paul Biya, président du Conseil Supérieur de la Magistrature, le 20 novembre 2025 à Yaoundé en remplacement de Luc Ndjodo décédé.
Par Destin André Mballa
Ce jeudi 20 novembre 2025 à Yaoundé, en début de soirée, une ambiance inhabituelle règne au ministère de la Justice. Il s’agit d’une ambiance particulièrement chaleureuse, quasi festive, ici la joie est au rendez-vous. Du rez de chaussée, au cabinet du ministre d’Etat, Ministre de la justice Garde des Sceaux, Laurent Esso, quelques cris de joies mais de faibles intensités se font de temps en temps entendre. « Félicitations oooo ! le septennat des femmes a effectivement commencé ! ».
La sécurité du ministre d’Etat en toute courtoisie appelle au silence: le Garde des Sceaux n’aime pas les bruits. Elle oriente plutôt les personnes et personnalités venues partager et célébrer ces moments de joie avec l’élue de la soirée précisément à la Direction des Affaires Générales qui se trouve au dernier étage. Ici affluent alors de nombreuses personnes, des personnalités au secrétariat du Directeur des Affaires Générales. La salle d’attente est pleine à craquer. Parmi ces personnes, des acteurs du monde judiciaire, notamment de la magistrature. De quoi s’agit-il ? se demandent quelques curieux surpris par cette ambiance inhabituelle qui semble perturber ce haut lieu de travail où règne habituellement le silence et le sérieux. On apprend qu’au journal du 17h au poste national de la CRTV, une information vient d’être rendue publique : le Directeur des Affaires Générales du ministère de la Justice, la magistrate, Marie Claire Dieudonnée Nseng-Elang vient d’être promue par décret présidentiel, Procureure Générale Près la Cour Suprême du Cameroun.

On a apprend ici que Marie Claire Dieudonnée Nseng-Elang une fois informée par le poste national de sa nomination, s’est rendue immédiatement au bureau du Ministre d’Etat, Ministre de la Justice Garde des Sceaux, partager sa joie avec son aîné qui l’a aussi félicité. Un signe d’humilité aussi envers son patron qui lui a certainement prodigué de nombreux conseils. Des journalistes venus s’enquérir de l’ambiance et du portrait de cette haute personnalités assiègent le cabinet du Garde des Sceaux expliquant avec insistance aux éléments de sécurité le bien fondé de leur présence dans ce lieu. Au terme de cet entretien qui a duré un peu plus d’une demi-heure, la nouvelle procureure générale Près la Cour Suprême ressort du cabinet du Minjustice, sous le feu des projecteurs et ovationnée par ses collaborateurs, confrères, consœurs, amis, proches et connaissances.
Elle reprend l’ascenseur et regagne son bureau pour recevoir ce petit monde qui l’attend durant de longues minutes qu’elle a passé avec le ministre d’Etat, depuis la nouvelle de sa nomination. Dans la salle d’attente de hauts responsables de magistrature s’y trouvent pour la féliciter et partager avec elle sa joie. On a pu apercevoir le Procureur Général de la Cour d’Appel du Centre, Jean Fils Ntamack, le secrétaire Général du Ministère de l’Administration Territoriale, aux côtés de grandes figures de la justice qui ne cessaient d’ailleurs d’arriver à la DAG. Face à la presse, la nouvelle Procureure Générale visiblement pleine d’émotions, a dit toute sa surprise pour ce grand honneur que lui fait le président de la République, President du Conseil Supérieur de la Magistrature, Paul Biya.

Elle a ensuite exprimé ses remerciements à Dieu qui a permis également au Chef de l’Etat de porter son choix sur sa modeste personne pour cette très haute et prestigieuse fonction qui implique de lourdes responsabilités. « Il y a d’abord la surprise parce que dans les fonctions que j’occupe actuellement je faisais le travail qui est en cours que m’a prescrit le ministre d’Etat, c’est-à-dire préparer la session budgétaire en cours. Il y a la surprise, ensuite les remerciements que j’adresse au Chef de l’Etat qui a bien voulu dans la suite de son discours-programme valoriser les femmes. Je dis merci. Merci à Dieu également. Dieu généralement n’appelle pas forcément les meilleurs, ça veut dire que je ne suis pas certainement la meilleure, mais il rend meilleur ceux qu’il appelle. Je pense que c’est une doléance que je veux lui faire, seigneur rend moi meilleur, c’est toi qui as voulu que le Chef de l’Etat me confie cette lourde responsabilité. Et cette rentrée dans l’histoire comme vous l’avez dit que la première femme procureure générale près la Cour suprême. Je ne pouvais pas imaginer. Merci on aura le temps de prendre la mesure des choses et de se mettre au travail », s’est-elle exprimée. Au cours de cette soirée arrosée de champagne, le dispositif sécuritaire est aussitôt formé autour de la nouvelle patronne du parquet général de la Cour Suprême. Dispositif qui va désormais veiller sur elle et l’escorter où qu’elle aille.
Parcours
Originaire de l’arrondissement de Mbankomo dans le département de la Mefou et Akono, région du Centre du Cameroun, Marie Claire Dieudonnée Nseng-Elang est la toute première femme dans l’histoire de la magistrature au Cameroun à occuper les fonctions de Procureure Générale Près la Cour Suprême. Elle a été nommée par décret président le 20 novembre 2025 à Yaoundé et remplace à ce poste Luc Ndjodo décédé.
Ce magistrat hors hiérarchie de 1er groupe avant cette nomination occupait les fonctions de Directeur des Affaires Générales au ministère de la Justice suite au Conseil Supérieur de la Magistrature du 10 août 2020. Après un parcours scolaire effectué respectivement aux collèges de la Retraite et Sacré-Cœur de Makak sanctionné par un baccalauréat A4 espagnol, puis des études supérieures menées à l’Université de Yaoundé, Marie Claire Dieudonnée Nseng-Elang sort nantie d’une licence en droit privé francophone.
Elle est ensuite admise par un concours à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) en 1986 et en ressort en 1988 nanti d’un diplôme de la division judiciaire et intègre par la suite le corps de la magistrature. Elle commence sa carrière à Yaoundé comme substitut du procureur de la République près les tribunaux de première et grande instance de 1988 à 1994. De 1994 à 1998, elle assume les mêmes fonctions près les tribunaux de première et grande instance de Mbalmayo.
En 1998, elle revient aux tribunaux de Première et Grande Instance de Yaoundé pour les mêmes fonctions qu’elle assume jusqu’en 2001. Le 21 novembre 2001, par décret n°2001/369, Marie Claire Dieudonnée Nseng-Elang devient l’un des tout premier Contrôleur de l’Inspection générale des services judiciaires-IGSJ à la faveur du nouvel organigramme de l’époque. Le 17 avril 2012, elle est nommée inspecteur dans la même structure. Poste qu’elle occupe jusqu’au 09 août 2020. A l’IGSJ, la magistrate hors hiérarchie cumule près de 19 ans de service.
Parallèlement avec ses fonctions de Contrôleur et d’Inspecteur, elle était inspecteur habilité auprès de la Commission des Marchés Financiers du Cameroun en 2006, désignée représentant du ministère de la Justice au Conseil d’Administration de l’Enam en 2018, nommée membre du Conseil d’Administration de l’Enam par décret n°2020/446 du 10 août 2020, elle est nommée Directeur des Affaires Générales et élevée à la hors hiérarchie 1er groupe.
Cette mère de quatre enfants se consacre également et beaucoup à la condition de la femme dans le monde et dans la société camerouaise en particulier. A cet effet, elle est membre de l’Association camerounaise des femmes juristes. En dépit d’un emploi du temps chargé, Marie Claire Dieudonnée Nseng-Elang se passionne pour la culture des fleurs, le jardinage et la décoration.

